Quel rôle joue l’écriture manuscrite dans la mémorisation et les apprentissages scolaires ?

Cette question est centrale dans notre métier de graphopédagogue (rééducateur en écriture).

1- Le rôle de l’écriture dans la mémoire de travail

4 choses à savoir sur la mémoire de travail :

  1. elle est limitée : elle peut traiter 7 éléments en moyenne
  2. elle ne s’entraîne pas : il n’existe pas de méthode reconnue pour augmenter sa capacité
  3. elle est fragile : très sensible à l’attention et à la concentration, elle ne dure pas (ce n’est pas sa fonction)
  4. elle est très sollicitée dans les apprentissages scolaires

Quand elle est saturée, c’est la surcharge cognitive et… plus rien ne rentre !

Alors que faire ?

Tout d’abord, l’attention est capitale : impossible de retenir quelque chose si on n’est pas concentré !

Ensuite, certaines stratégies permettent de contourner le problème de sa capacité limitée (comme regrouper les éléments ou faire appel aux connaissances stockées dans la mémoire à long terme).

Enfin, l’écriture nous permet d’externaliser le contenu de la mémoire de travail sur un support durable.

En notant les informations, nous les avons à disposition et elles peuvent sortir de la mémoire de travail !  Nous pouvons alors nous concentrer sur des tâches plus complexes.

C’’est valable dans de nombreuses tâches pratiquées à l’école : l’écriture permet d’alléger la charge cognitive.

 

2- L’écriture doit être automatisée

Cependant, pour jouer pleinement son rôle, l’écriture doit être automatisée, c’est-à-dire enregistrée dans la mémoire procédurale (comme faire du vélo ou tenir ses couverts par exemple), effectuée sans que notre cerveau ne mobilise de ressources consciemment.

Si un enfant est obligé de se concentrer pour bien tenir son crayon, former ses lettres, comme c’est le cas lors de l’apprentissage de cette compétence, cela mobilise au moins en partie sa mémoire de travail. Il ne peut alors pas être attentif au sens du mot qu’il écrit, à l’orthographe, la syntaxe.

De même, tant que l’enfant est dans le décodage des syllabes, il ne peut saisir le sens de ce qu’il lit.

Et quand les deux compétences se combinent, par exemple pour recopier une phrase, imaginez la difficulté de l’enfant qui recopie lettre à lettre, sans avoir lu ni compris le sens de la phrase ! C’est forcément lent et laborieux et le résultat décevant pour le jeune scripteur.

On comprend tout l’enjeu de l’automatisation et de la maîtrise de ces deux compétences, à la base de la réussite scolaire.

Pour cela, pas de mystère ! Un entraînement quotidien,  jusqu’à ce que les compétences d’écriture et de lecture soient automatisées par l’enfant, est nécessaire. C’est une priorité de l’apprentissage afin de pouvoir évoluer vers des tâches plus complexes.

C’est pourquoi le travail que nous effectuons en graphopédagogie (rééducation de l’écriture manuscrite) porte sur l’enseignement et l’automatisation d’un geste permettant une écriture fluide et efficace mais aussi sur la compréhension de ce qu’on écrit, les stratégies de copie etc.

Car l’écriture (d’après le Larousse : ‘représentation de la parole et de la pensée par des signes graphiques conventionnels‘)  n’est pas de la calligraphie (‘art de former d’une façon élégante et ornée les caractères de l’écriture‘ selon le Larousse).

Et en graphopédagogie de la méthode 5E, on enseigne ‘l’écriture au-delà du geste‘ ! 

Pour en savoir plus sur la méthode de la graphopédagogie.

 

En résumé, dès qu’elle est automatisée, l’écriture permet de soulager notre mémoire de travail, de poser nos idées.

C’est l’un de ses principaux objectifs.

 

3- Le rôle de l’écriture dans la mémorisation

Au-delà de cet objectif, l’écriture joue un autre rôle dans l’apprentissage. Elle permet d’activer la mémoire kinesthésique (par le geste, l’action). La mémoire kinesthésique passe par la manipulation. J’en parle dans mon article sur les Lettres Rugueuses Montessori.

En effet, l’écriture sollicite le corps et le tracé différent de chaque lettre (= le geste graphomoteur) favorise la mémorisation et aide à apprendre.

L’écriture manuscrite renforce la mémoire visuelle et auditive et enrichit l’apprentissage. C’est donc un outil indispensable à l’école pour décoder les mots et mémoriser leur orthographe entre autres.

 

Avec une écriture efficace et fluide, un enfant a donc de nombreux atouts pour bien apprendre et réussir à l’école.

Infographie Ecriture et Apprentissage

Sources :

  • MOOC ‘La psychologie pour les enseignants’ – Mémoire et apprentissages scolaires – Franck Ramus – Janvier 2022 – MOOC La psychologie pour les enseignants
  • Podcast In Extenso par The Conversation ‘Pourquoi apprend-on encore à écrire à la main ?Denis Alamargot – Février 2021 – Podcast In Exenso
  • Etude scientifique ‘The effects of handwriting experience on literacy learning’ Robert W Wiley – Brenda Rapp – Juin 2021 – Article Psychological Science
Infographie Ecriture et apprentissage